Le Yoga, entre transmission et marché du bien-être
- Delattre Mélissa

- 16 oct.
- 3 min de lecture

Réflexions d’une yogini au cœur du mouvement
Le yoga s’est invité partout.
Dans les salles de sport, sur les réseaux, dans les retraites « transformationnelles » et même dans les catalogues de formations éligibles au CPF.
Et peut-être que c’est là le jeu naturel de l’esprit humain : explorer, tester, transformer, s’emparer même de ce qui, à l’origine, était une voie intérieure, un art de vivre, une rencontre intime avec soi-même.
Faut-il s’en indigner ? Ou simplement observer, comme on regarde les vagues passer sur un lac, conscientes qu’elles ne troublent la surface que pour un instant ?
Le yoga est parfois réduit à un produit à vendre, avec ses promesses de transformation rapide ou de “certification” facile.
Mais le yoga n’est pas une formation à obtenir. C’est un chemin à parcourir.
Souvent, ce chemin se tisse dans la patience, la présence et la rencontre juste entre un élève et un enseignant ou entre soi et ce souffle intérieur qui appelle à la pratique.
Ce lien ne peut se quantifier, ni se vendre.
Et pourtant, le monde autour de nous tend à le faire, à vouloir mesurer, valider, rentabiliser ce qui relève de l’expérience sensible.
Peut-être que tout cela fait partie du grand jeu de Maya, cette illusion de la forme et du mental qui recouvre parfois la vérité simple du cœur.
Et si, plutôt que de juger ce mouvement, nous l’observions comme un miroir ?
Je me sens moi-même concernée par ce manège.
Je vends des formations en ligne, je crée du contenu, je partage des pratiques.
Et parfois, je m’interroge : où est la limite entre partager et promouvoir ?
Entre transmettre et vendre ?
Peut-être que cette limite n’existe pas vraiment.
Peut-être qu’elle se déplace selon l’intention qui habite nos gestes.
Si ce que je propose naît d’un espace d’écoute, d’humilité et d’expérience vécue, alors c’est encore du yoga, même si cela passe par un site web, une plateforme, ou une transaction.
Le yoga m’enseigne à accueillir cette complexité sans me juger et à observer si à travers mes contenus, je nourris l'ego ou le coeur .
À voir que cette tension, entre pratique sincère et monde matériel, n’est pas un obstacle, mais un terrain d’apprentissage.
Chaque fois que je doute, que je me questionne, je pratique.
Je reviens au souffle, à la vérité du moment.

Ce grand marché du bien-être peut parfois donner le vertige.
Les comparaisons, les promesses de résultats, la course à la visibilité…
Tout cela peut nous éloigner du cœur de la pratique : la simplicité, la présence, la joie tranquille d’être là sans artifice !
Mais ce mouvement extérieur peut aussi devenir un formidable outil de centrage.
Il nous invite à revenir à l’essentiel, à sentir si ce que nous faisons nous rend plus paisibles, plus ouverts, plus vivants.
À reconnaître nos désirs, nos peurs, nos attachements et à en sourire.
Rester centré dans ce tourbillon, c’est aussi cela, pratiquer le yoga.
Ne pas chercher à fuir le monde, mais apprendre à y rester stable.
À danser avec le chaos sans s'y égarer...
Finalement le coeur du yoga n’appartient à personne.
Il ne se possède pas, il ne s’achète pas.
Il se vit, il se respire, il se partage ...
Oui, aujourd’hui, le yoga est devenu une industrie.
Mais peut-être que cela fait partie de son évolution, de sa diffusion, de ce grand mouvement de l’humain qui cherche à se relier, même maladroitement.
Ce qui compte, c’est la conscience avec laquelle nous participons à ce mouvement.
Sommes-nous alignés ?
Sommes-nous encore reliés à ce souffle plus lent, plus profond, discret derrière de le spectacle commercial du Yoga ?
C’est peut-être là que se dessine la frontière invisible entre commerce et transmission.
Alors, plutôt que de rejeter ce manège, apprenons à le regarder avec compassion.
À en sourire, à y voir un terrain de pratique comme un autre.
Et à revenir, encore et encore, à ce qui ne se vend pas,
la paix intérieure, la clarté du cœur, la joie simple d’être.
Mélissa Delattre

















Merci infinie pour tes pensées que je partage